La grande rentrée
La grande rentrée, c'est la mienne.
J'ai moi-même choisi la date de cette grande rentrée il y a plus de six mois : le 26 septembre. Je l'ai calculée pour accompagner la rentrée à la crèche de Louis en toute propreté pour ne pas avoir de problème de couches, la rentrée à la maternelle de Paul, les rentrées primaires de Pierre et Victoria et les rentrées de toutes les activités. J'étais certaine qu'à cette date, le rythme scolaire se serait déjà mis en place, les devoirs redevenus une habitude, les réunions de début d'année bouclées et les activités sportives déjà dans l'emploi du temps. Cela me permettrait aussi de passer trois semaines toute seule sans les enfants pour mettre à jour le rangement, ménage, repassage, s'assurer que tous les dossiers administratifs de la maison sont à jour, remplir la cave de stocks, le congélateurs de quinze litres de soupes maison et de petits plats divers, effectuer les quelques petits travaux de réparation qu'on remet toujours à plus tard, faire la révision de la voiture... De quoi reprendre peut-être plus facilement son travail.
Le 26 septembre est arrivé et pourtant, ce ne fut pas facile du tout.
Au-delà du stress, de l'incertitude (nouvelle chef, nouveaux collègues, nouvelles missions, horaires incertains, télétravail incertain...), de l'anticipation de la fatigue, il y a surtout la tristesse. La tristesse de ne plus accompagner les enfants comme je le voudrais, la tristesse de suivre un chemin qui n'est pas celui que je voudrais, la tristesse de ne plus pouvoir organiser le temps librement, la tristesse de ne plus mettre toute mon énergie au service de ma petite entreprise familiale, la tristesse de ces petits moments perdus, ceux où l'un des enfants rentre le midi déjeuner avec moi en tête à tête, ...
Mais voilà. Je crois que j'ai la grande force de savoir cloisonner, de mettre de côté mes envies pour appliquer des choix de raison, d'utiliser correctement ma tête même si mon coeur est ailleurs et de m'adapter assez facilement à tous les éléments extérieurs qui sont imposés. Alors je sais que même si ce n'est pas la situation dont j'ai envie, je vais de nouveau être efficace au travail, comme avant.
Alors depuis le 26 semptembre, le réveil sonne à 5h45 et je disparais de la maison à 6h20. Jean-François a retrouvé ces matinées seul où il faut faire petit-déjeuner quatre enfants, habiller tout le monde et assurer les déposes à la crèche, à la maternelle et à la primaire. Les soirées demandent aussi quelques petites adaptations : Pierre et Victoria rentrent maintenant seuls de l'école, prennent leur goûter et commencent leurs devoirs jusqu'à mon retour. J'ai jusqu'à 18h pour attraper Louis à la crèche et c'est finalement pour Paul que c'est plus incertain : si je suis là à 16h30, je le récupère et s'il ne me voit pas arriver, il doit partir à la garderie. Mot d'ordre : souplesse !
Nous avons décidé d'essayer ainsi jusqu'en janvier. Si la situation semble équilibrée et stable, alors nous continuerons ainsi. Sinon, nous nous adapterons et envisagerons une autre organisation...
Quoi qu'il en soit, ces deux années et demi à la maison ont été une chance inestimable car elles représentent le cadeau le plus précieux qui soit et qui souvent nous manque : du temps, tout simplement.